Le Picpoul de Pinet a l’originalité d’être élaboré à partir d’un seul cépage, le piquepoul. Réfugié sur les rives de la lagune, heureux survivant, ce beau cépage blanc a trouvé à Pinet un jardin à sa mesure. Longtemps snobé, aujourd’hui il intrigue, il séduit… « Sa finesse, du relief, svelte et de l’originalité ! » Laissez parler, c’est ici que vous le découvrirez.
Son terroir, c’est la mer
C’est une terre marine toute nimbée du souffle bleu de la Méditerranée. Là, au cœur du triangle Agde, Pézenas et Sète se trouve l’AOP Picpoul de Pinet. Son vignoble historiquement implanté autour de la lagune de Thau regroupe six communes : Castelnau-de-Guers, Florensac, Mèze, Montagnac, Pinet, Pomérols.
Il ne produit que des vins blancs à base d’un cépage unique : le piquepoul. C’est aujourd’hui, la plus grande appellation de vin blanc sec du Languedoc.
Un terroir au double visage
La douce immersion dans le vignoble révèle deux paysages et terroirs.
Au nord les « piochs », dans le triangle que dessinent Pinet, Castelnau-de-Guers et Montagnac, une succession de buttes calcaires, recouvertes de garrigue et de pinèdes, cloisonne des vallons aux terres ocre rouges où se love la vigne. Ces reliefs atténuent les influences maritimes.
En descendant du balcon, le « Marin », ce vaste plateau des Mas est constitué d’argiles et de limons, de sables et de grés, de cailloutis et de conglomérats charriés par les fleuves à l’époque tertiaire. Il accueille des étendues de vignes, entourées de garigue, jusqu’aux bords de la lagune.
D’une manière générale, les sols sur l’AOP Picpoul de Pinet sont profonds avec un bon régime hydrique, favorable à l’enracinement. Ils assurent naturellement une alimentation en eau modérée et régulière à la plante qui résiste parfaitement aux étés chauds et secs.
Un climat méditerranéen éthéré et intact
Sur les rivages de la Méditerranée en bordure de la lagune de Thau les précipitations sont rares ; 600 mm|an en font l’une des pluviométries les plus faibles de l’Hérault. Des hivers doux, une influence marine indéniable ainsi que des entrées maritimes favorisent la maturation du piquepoul. Cette emprise est encore plus marquée sur le plateau qui borde la lagune.
Cépage unique et typique
Le Piquepoul est le cépage unique qui donna son nom à l’AOP Picpoul de Pinet. En Languedoc là où les appellations d’origine protégée sont des sangs mêlés, l’AOP fait ici figure de pure race, considéré comme un outsider victorieux.
Il est en parfaite adéquation avec son terroir, compte tenu de sa bonne résistance à la sécheresse couplée à un cycle végétatif long. Ce cépage tardif se récolte généralement à partir de mi-septembre ce qui lui permet de bénéficier des entrées maritimes de fin d’été, de la fraîcheur et des brumes nocturnes marquées après le 15 août. C’est un cépage à pellicule fine qui garde à maturité, une acidité élevée caractéristique. Tous ces éléments réunis justifient son ancrage essentiellement local.
Un peu de sémantique
« L’étymologie de piquepoul comporte plusieurs zones d’ombre. L’hypothèse la plus couramment mise en avant évoque la manie qu’avaient les poules de « piquer » les grains éparpillés sur le sol. En effet, le piquepoul est un cépage qui s’égraine très facilement d’où de nombreux grains par terre. »
Histoire d’une appellation populaire
Noir, il devint blanc. Moelleux, il devint sec. National, il devint local. Dédaigné, il devint prisé ! Histoire d’une ascension.
Une ascension sans cesse et sans fin
La zone d’influence du Piquepoul fut beaucoup plus large à son origine : de Toulouse aux rives méridionales du Rhône au 16ème siècle. Au cours du temps le cépage a affûté sa stratégie de survie ; d’une peau noire à rose puis blanche, il fit ainsi face à l’invasion des nouvelles variétés noires espagnoles. Longtemps exploité comme matière 1ère pour les eaux de vie et vins de liqueur en partance pour l’étranger depuis le port de Sète, il attendra le 20ème siècle pour s’affirmer.
La crise du phylloxéra a forcé en quelque sort son destin. Alors que les cépages autochtones disparaissaient face au puceron, le piquepoul survit en se réfugiant dans les sables du littoral méditerranéen, de Aigues-Mortes à Agde.
Peu après cet épisode, vins liquoreux et secs de la région se démarquent. Le succès remporté à l’Exposition Universelle de Bruxelles en 1910 marque le début d’une notoriété internationale. Ses fervents défenseurs obtiendront la reconnaissance en VDQS en 1954, en AOC Coteaux du Languedoc en 1985, puis en AOC Picpoul de Pinet en 2013. Chaque nouvelle marche atteinte mobilise les producteurs pour améliorer l’expression du fruit et la précision de leur travail. La singularité des vins et l’ambition collective de ses vignerons bâtissent le succès de ce vin encore rare et populaire. De 1,7M de cols en 1985, c’est aujourd’hui plus de 10M de bouteilles qui sont vendus à travers le monde chaque année.
Un blanc qui a du style
Un vin aérien, facile et remarquable, des atouts qui l’ont rendu si populaire.
Merroir et Terroir
La lagune et le vignoble partagent le même climat. Du reste on parle ici de merroir et de terroir. Les Picpoul de Pinet ont le caractère de leur environnement. Sveltes, iodés et vifs, ils ont cette acidité naturelle qui s’accorde si harmonieusement aux huîtres de Bouzigues et aux produits de la mer.
Toujours saisissant pour leur minéralité et leur finesse, leurs nuances se déclinent sur des notes de fleurs blanches, d’agrumes.
Des initiatives d’exception
Se découvrent et se dévoilent ces dernières années des vins d’expression. Toujours vifs, ils ont du gras, du volume, de la concentration. L’élevage sur lies conserve la nervosité si caractéristique à l’appellation. Vins de gastronomie, ils révèlent un certain potentiel de garde.
Révélateurs de textures et de saveurs, ils embrassent à merveille coquillages et crustacés. Plus complexes et riches, ils taquinent les fruits de la mer et poissons travaillés par les chefs et cuisiniers en herbe. Bon nombre d’incartades matchent également, du fruité des fromages des alpages aux saveurs parfumées d’Asie.
Une bouteille syndicale pour marquer sa singularité
Un fond de bouteille à l’allure d’une colonne dorique, une vague qui semble emporter la collerette, la croix du Languedoc qui imprègne le verre. Aujourd’hui, 8 millions de cols sortent chaque année à son effigie, avec le nom de l’AOP gravé dans le verre. L’objectif de renforcer l’identité et de se démarquer est atteint.
Crédits photo : E.Perrin
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